samedi 8 août 2015

Elinda








Extrait du "Monologue du Mendiant" - Acte I - scène 2





Tu ouvres tes grands yeux gris, sur ces miroirs fragiles.
Les jours de grande nuit, quand les reflets subtils
Écrivent ton peu de vie, comme un “ i ” minuscule,
La fin du mot fini, qu’tu pends au vestibule.
Ta silhouette qui tangue, sur ces vagues valseuses
Que les marins haranguent, de leur voix poissonneuse,
Les filets défilés, ils s’enfilent des gueuses
Au bar des mariniers, la bière se boit baveuse.
Elinda, Elinda, je pense à toi...
Ton regard qui vendange, des raisins sans saveur,
Ta poésie des anges, qui te poignarde le cœur.
Cette seringue qui te charme, de poussière de morphine,
Ses caresses qui désarment, t’es nue devant ton spleen.
Tes bras, c’est comme les branches, des arbres morts d’amour
Ils sont frêles, ils se déhanchent, au moindre mot qui court,
Ils montent jusqu’au ciel, comme un pont sans retour,
Ils planent vers le soleil, t’es toute seule dans ta cour.
Elinda ,oh !, Elinda je pense à toi.
A l’aube ,il te faut ta dose, alors tu vends ton corps,
Tes couchers d’ecchymose, pour ta fuite à prix d’or,
Tu t’échappes de tout, mais tout, c’est plus grand chose,
Et puis, le monde s’en fout, on ne cueille plus les roses.
T’essuies des gouttes de sang, sur ce bras du naufrage,
Le garrot qui se détend, libérant ton voyage
Tu bordes dans les nues ton présent qui a mal
Le temps ne parle plus, il pleure dans les étoiles.
Elinda, Elinda, je pense à toi...

T’as les yeux dans la poche, le noir, c’est ta maison,
Tes mains sur tes valoches, ta vie comme une prison,
Tes taudis dans la tête, cette porte qui se ferme toute seule,
Et, puis, y’a plus de fenêtre, qui tu veux qui t’accueille!
Je t’écris cette lettre, pour que tu ne crèves plus tes veines
Pour abattre tes “ peut-êtres ”, tes certitudes vaines
Je t’écris cette lettre, ma plume crachant ses larmes
De l’encre qui veut renaître, aux blessures de ton âme.
Elinda ,oh !, Elinda je pense à toi.
Elinda, oh! Elinda...
Viens, viens, viens avec moi
On s’aimera...

Paroles et musique: Robert Nicollet

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire