vendredi 31 juillet 2015

Autoportrait


Extrait du "Monologue du Mendiant", acte I - scène 1







Je suis en plein soleil, un minuscule point noir,
De l’acné en sommeil sur visage de l’espoir.
Je suis un tout petit, un minable sans pareil,
Un poème sali sur les plages du réveil.
Je suis un truc en bas de page, en italique et en fine lettre.
Des propos mis en cage, certitude du peut-être.
Une pensée en quatre mots, des mots plein de promesses,
Des promesses de bistrot, un verre, et v’là l’ivresse.
Je suis au clair de lune, un pierrot, un rêveur,
Une histoire sans rancune, et le jour qui s’fout d’l’heure.
Une grande gueule ouverte aux tyrans du pouvoir,
Aux fanas de la pirouette, qui se la joue du tiroir.
Je suis un beau parleur, une lanterne au lavoir, 

Un vent fou persifleur, qui se faufile dans le noir.
J’affiche tard dans la nuit, des idées sur papier;
Je colle sans répit, sur les murs des cités,
Des mots qui fâchent la conscience des bourgeois ;
Ils ont peur, ils se cachent, leur armure c’est la loi !
La loi ? Celle qui fricote, le bizness du trottoir,
Qui vous met les menottes, pour trois gouttes d’espoir.
J’ai mal, j’ai mal d’amour.

Texte et musique de Robert Nicollet

mardi 21 juillet 2015

J'n'ai plus vingt ans.










Extrait du "Monologue du Mendiant" - Acte V - Scène 1


La peau des années qui se ride,
Comme les vagues de la mer
Quand la tempête hurlante vide,
Les cris tonnants, les gros éclairs.
Sur l’horizon, la lune quitte,
Le temps voilé par l’éphémère.
Et ce chrono météorite,
Me vend des années aux enchères.
Puis, les années qui s’accélèrent,
Elles passent plus vite que les premières
Elles m’font la gueule, elles m’font leur guerre,
De se faire vieux, à quoi ça sert?
J’préfère m’asseoir sur l’air du temps,
Les fesses sur le bois froid du banc,
A regarder passer l’passant,
Lui faire sourire de temps en temps.
J’n’ai plus vingt ans, tu sais, j’n’ai plus vingt ans .
C’est comme une plume qui s’étire,
Sur le corps nu d’un bout de papier,
J’ai envie d’caresser Elvire,
Elle a vingt ans, j’ai mes années.
Elle a des jambes comme des pinceaux,
Des doigts à t’offrir les étoiles,
Mon rêve, c’est d’en faire un tableau,
Sur les rondeurs qu’elle me dévoile.
Se rappeler le temps passé,
Quand les filles, se cueillaient en mai
Quand leurs jupons, de fleurs d’été,
Aux doux regards se soulevaient,
Puis l’air de rien, le cœur en fête,
J’allais draguer la plus coquine,
Celle qui s’laissait conter fleurette,
Le soir, au frais, près d’la roubine.
Y’a plus de vingt ans, tu sais, y’a plus de vingt ans.
Souvent le soir dans mes poèmes,
L’envers d’mes vers parle d’amour,
Ils se cachent derrière mes “ je t’aime ”,
Parce qu’ils ont peur, de te faire la cour.
Tu sais, mes mots souvent se glissent,
Le long d’ton corps pour que t’ai chaud,
Avec ces mots, mes mains fleurissent,
J’t'imagine ma peau sur ta peau.
Je n’suis qu’un rire qui s’fait pleurer,
Un clown de cirque démaquillé.
Mon âge dépasse mes années,
Ma vie s’dégonfle au verbe aimer,
Est-ce le trop vieux qui s’écoute,
Ou le vivant qui est fatigué,
J’connais l’vertige de mes doutes,
Et j’ai trop peur de t ’aimer.


J’n’ai plus vingt ans, tu sais, j’n’ai plus vingt ans .

Texte et musique: Robert Nicollet.

samedi 11 juillet 2015

Rêver








Rêver

Extrait du Monologue du Mendiant Acte III - scène 3.




S’enfuir sur un bateau, conquérir les étoiles.
S’embarquer pour l’ailleurs, tirer sur la grand-voile.
Embellir le passé, aux couleurs d’aujourd’hui,
Draguer l’inaccessible, s’aimer à l’infini.
Rêver, Rêver, Rêver, Rêver,

Délaisser un endroit, où l’injustice gronde,
Où seul l’argent est roi, et fait marcher le monde,
Crier à l’assemblée, aux gueules des gouvernants,
L’absurdité hurlante, leurs mensonges de brigands.
Rêver, Rêver, Rêver, Rêver pour que le monde change…

D’une île sur l’horizon, caressée du pinceau,
Des mots de liberté, que porte sur son dos,
L’irrésistible réveil, aux chants illuminés,
Comme un nouveau soleil de justice et de paix
Rêver, Rêver, Rêver, Rêver,

Faudra-t-il les armes, la force des exclus,,
En haut des barricades sur les pavés des rues  ,
Debout, les mains levées, et les deux poings fermés,
Hurler nos libertés, aux pouvoirs policiers.
Rêver, Rêver, Rêver, Rêver pour que le monde change…

Paroles et musique: Robert Nicollet.

samedi 4 juillet 2015

Balades Nocturnes



Extrait du "Monologue du Mendiant" - Acte III - scène 1

Il est minuit, Elinda et José sortent du bar de Mme Christelle. Ils rencontrent Anna, une amie d'Elinda, à l'époque où elles se prostituaient dans le quartier du vieux port...


Balades Nocturnes


Elle a des larmes couchées, sur les draps du regret.
La peau fine et sucrée, bordée de mille secrets
Elle vit au bout du monde, un hôtel en banlieue,
Petite chambre vagabonde, pour un naufrage à deux.

Elle s’allonge en silence, jusqu’au bruit du néant
Attend sa délivrance, pour fuir avec le temps.
Elle a au fond du corps, tant de graines avortées,
D’étoiles brillantes mortes, du manque de rosée.

Elle se couche sur la toile, juste au bout du pinceau
Un instant, puis dévoile, ses charmes sur ce tableau.
Cette fille que l’on drague, aux lueurs de la nuit
Ces talons  écarlates, aux âmes de l’infini.

Mais, quand elle abandonne, ses habits des faubourgs
Ses haillons qui chiffonnent, les fissures de l’amour,
Elle se retrouve seule, étrangère dans l’oubli,
Sa belle poitrine en deuil, de douces caresses amies.

C’est une jupe fendue, aux limites de l’enfer,
C’est le cuir de la rue qui te colle pour te plaire.
Ses rondeurs de lune, aux pâleurs de l’extrême,
Te servent pour de la tune, son corps sur un “ je t’aime ”.

Elle s’expose étoilée, aux galeries de la terre,
Dans cette rue voilée ,elle se montre, elle s’éclaire.
Ses charmes fous de lumière, ses flammes qui ondulent,
 Cette mèche qui se perd, sur ce cierge majuscule.

Raidi aux mots d’amour, aux fruits de la passion,
Aux voyages sans retour, à l’ultime frisson,
Ils hurlent sans un mot, leur corps dans les entrailles,
Ces galants de godillots, ont leur braguette en braille.

Leurs chants ivres en bataille, voguant, la voile fière,
Sur les vagues en racaille, sur cette mer en galère.
Elle dépose des baisers sur ce gibier de potence
Ces hommes embarqués au plaisir dans l’errance.

Son cul trop accroché aux ardeurs qui accourent,
Elle est nue, écorchée, blessée dans son “ toujours ”,
Les yeux draguant la mort, le spleen, les SOS
Elle referme ses trésors, vomit l’âme qui blesse.

On la retrouve tôt, quelques fois bien trop tard
Abattue, au bistrot, la tête dans son cafard.
Elle est là, par hasard la vie comme une bille,
Comme le temps qui s’égare au fil d’une aiguille.

Elle est là, tous les soirs, la chance vers l’évasion
Marchant sur ce trottoir, sans rien à l’horizon.
Son maquereau a muté, ses cris de désespoir,
Ses larmes démaquillées, aux sanglots du miroir.

Elle a tout oublié, de cette dame d’en face,
Cette autrement fanée, qui pleure et qui s’efface.
Alors, fermant les yeux  et le repli dans l’âme,
Elle lui fait un“ adieu ”, comme une grande dame.



Paroles et musique: Robert Nicollet.