mardi 30 juin 2015

Maître Grégoire


Chanson extraite du "Monologue du Mendiant".






Maître Grégoire

Il mouche dans de la fine soie,
Sa conscience de quatre sous,
Le nez plongé dans l’argent roi,
Dans de vulgaires machines à sous.
Sa vie en rouleau de barbelé
De la poussière sur cent dix mètres
Une pompe à fric de chez Cartier
Un alphabet qui paume ses lettres.
Son “ dit ” pouvoir de basse cour,
Aux doux fric - fracs défroqués,
Son coffre fort à faux discours,
Ses belles usines à gros billets.
Il se cache derrière sa justice
Sa vérité qu’il dit unique
Ses tribunaux de droit factice,
Ses sales prisons, et sa critique.
Le sourire en porte-monnaie,
Le torse bombé, le cul serré,
Maître Grégoire rentre chez lui,
Pour s’endormir sur son mépris.

Il porte le masque des idées,
Qu’il conjugue au conditionnel,
Un artifice qu’il fait cramer,
Sur le corps nu d’une demoiselle ;
Cette fille qui trouve sa transhumance,
Dans les bordels, de matadors,
Là où l’oseille a le goût du rance,
Et le bourgeois, l’odeur des morts.
Sa chienne d’histoire qui désespère,
Ses larmes ont mouillé l’avenir,
Ses gouttes de nuit qui s’entremêlent,
Sur des fantasmes frisant le pire.
La tête haute, il fait sa ronde,
Le cœur nostalgique du soir,
A piétiner la toile du monde.
Il est si fort, qu’il ne sait plus voir.
Le sourire en porte-monnaie,
Le torse bombé, le cul serré,
Maître Grégoire rentre chez lui,
Pour s’endormir sur son mépris.

Sa vie, c’est comme un hall de gare,
Avec l’horloge comme point d’usure,
La petite aiguille pour le départ.
Et la plus grande pour la rupture.
Gravé sur marbre, en majuscules,
Son nom, ses titres, et puis plus rien,
Comme un vide en conciliabule,
Le néant qui lui tends la main.
Le sourire en porte manteau,
Le torse creusé, le cul bedeau
Maître Grégoire est enterré
Au cimetière,au cimetière, des oubliés.

Paroles et musique: Robert Nicollet.







samedi 20 juin 2015

Le Chien.



Chanson extraite de l'album "Les Briseurs de Rêves"








Avant de mourir, je veux qu’on me laisse
Isolé, seul, dans ma vieillesse.
La mort errante, en guise de laisse,
Avec pour maître, toute ma détresse.
Se retrouver au petit matin,
La peau ridée, en fil de lune,
Et, pouvoir croire au lendemain,
Le fait de boire son amertume.
Refaire le monde à chaque verre,
Lipper les gouttes, toute sa misère,
Pisser sur les plates bande du coeur,
Là où la mort se met en fleur.
Avant de mourir, je veux qu’on me laisse
Isolé, seul, dans ma vieillesse.
La mort errante, en guise de laisse,
Avec du vin, pour mes ivresses.

Avant que je m’en aille, je veux qu’on enterre,
Les cris des enfants qui ont faim,
Pleurant leur vie, de larmes en pierre
Sur des prières qui ne servent à rien.
Et pouvoir effacer les dires,
De tous ces maîtres apostoliques,
Qui devant Dieu, font les martyrs,
En vertu de morale cynique.
Pouvoir dégrafer leur corsage,
Aux seins de démons et d’enfer,
Et y accrocher leurs mirages,
Aux yeux aveugles de l’univers.
Avant de mourir, je veux qu’on me laisse
Isolé, seul, dans ma vieillesse.
La mort errante, en guise de laisse,
Avec pour Dieu, toute ma tendresse.

Alors peut-être j’irai mourir,
Accroché aux étoiles du pire,
A recoller, mes petits bouts de lune,
Aux établis de l’infortune.
Rallumer les amants perdus,
Embrasser les nones, leur vertu,
Fêter les mois, les jours, les heures
Aux yeux bourgeois du triste coeur.
Baiser le corps de l’infini,
Lui faire l’amour toute la nuit,
Avoir envie de se prendre la tête,
De se balancer de la planète.
Avant de mourir, je veux qu’on me laisse
Isolé, seul, dans ma vieillesse.
La mort errante, en guise de laisse,
Avec pour niche, toute ma détresse.
Mais il fait nuit, je vais rendre ma vie.

Paroles et musique: Robert Nicollet