Version public: "Festival d'Avignon 2001".
L’alcoolique (texte parlé)
Au
fond de ma nuit, je dors
Le
coeur dans l’infini,
Le
vide dans tout mon corps
D’alcool,
je me remplis.
Je
crève de sans amour,
Du
verre plein que l’on boit,
Des
soirées sans retour,
Avec
une fille de joie.
En
haut, dans mon exil,
Je
cuve, l’âme stérile,
J’aboie
aux dames comètes
J’me
cache sur ma planète.
J’habite
une grande bouteille,
Et
je m’y noie dedans.
Je
suis l’ivrogne d’un ciel
Qui
pleure à chaque instant.
J’envoie
mes larmes à Dieu,
Et
à son alambic,
Qu’il
fasse spiritueux,
Ce
que je fais tragique.
Mes yeux couleur éthyle
Me
roulent de rondes billes
Et
livre mon âme au diable
Aux
gouffres de l’incurable.
Enfin,
pouvoir vomir
Ma
folie, mes délires,
Dans
un néant sans nom,
Pour
un ultime plongeon.
Je
suis un alcoolique
Je
voyage dans l’éthylique.
L’exil
Perché
tout en haut de ma lune
Au
fond de mes cratères nocturnes
J’envoie
des larmes jusqu’au soleil
Des
perles de pluie, couleur vermeil
Je
lève mon verre à l’éternel
Cette
conscience souvent rebelle
Je
noie ma vie dans ma bouteille
Ce
triste exil, mon doux sommeil.
J’découpe
les mirages de mes nuits,
Pour
les offrir à l’infini,
Boire
et reboire jusqu’à l’oubli
Jusqu’au
trou noir, de mon ennui.
Je
verserais tous mes torrents
A
la grande gueule des mal pensants,
Les
engloutir jusqu’au mépris
De
vins, d’alcool, et d’eau de vie.
Y-a-t-il
quelqu’un pour me comprendre,
Ouvrir
son coeur, dire des mots tendres.
Y-a-t-il
quelqu’un pour prendre ma main,
Me
dire « je t ’aime » jusqu’au matin...
J’crèverais
les veines de mes angoisses
Ce
bateau ivre qui s’envinasse
La
coque fêlée, la voile basse,
Et
cette tempête qui me menace
Saoul,
comme une longue agonie
Ancré
au cœur de mes habitudes
Je
n’finis plus mes litanies,
Je
parle au silence de mes lèvres,
J’entends
le cri de mes artères
De
celles que j’mène à l’échafaud
Face
à mon ombre, qu’on dit bourreau.
Je
pousse mes rêves jusqu’au délire,
Je
cherche la nuit dans mes voyages,
Au
fond du verre, je bois le pire,
Au
fond du pire, souvent je me cache.
Y-a-t-il
quelqu’un pour me comprendre,
Ouvrir
son cœur, dire des mots tendres.
Y-a-t-il
quelqu’un pour prendre ma main,
Me
dire « je t ’aime » jusqu’au matin...
Texte, paroles et musique: Robert Nicollet